Il ne vous aura pas échappé que la méditation pleine conscience est dans toutes les bouches et sur tous les média, y compris votre smartphone. Et c’est très bien. Nous sommes tous à des points différents de notre cheminement personnel et c’est vraiment une très bonne chose que les chances de la croiser sur notre chemin soient multipliées, que des supports diversifiés nous soient proposés.
Cependant, avez-vous remarqué aussi combien parfois certains mots ou certaines expressions sont si familiers qu’on finit par ne plus trop savoir ce qu’ils désignent? La méditation pleine conscience et la pleine conscience tout court d’ailleurs, qu’est-ce que c’est finalement?
Il y a des gens qui écrivent des livres pour répondre à cette question, je me suis donc dit que je commencerais bien modestement par voir d’abord ce qu’elle n’est pas. On y verra toujours un peu plus clair!

Une Définition
Thich Nhat Hahn la décrit comme la capacité à être dans le moment présent, à être pleinement conscient de ce qui se passe ici et maintenant, corps et esprit unis. Pratiquer la pleine conscience, c’est pratiquer “je suis là”, c’est arriver chez soi, en soi, ici et maintenant.
7 points
1. la méditation, ce n’est pas la pleine conscience.
C’est la pratique qui permet de s’entraîner pour arriver à la pleine conscience. Ça a été longtemps confus pour moi, donc je commence par là.
2. MEDITER CE N’EST PAS REFLECHIR
C’est une précision que Christophe André apporte dans un article et c’est vrai que le mot prête à confusion. Il ne s’agit pas de penser et d’analyser mais de ressentir. Suranalyser étant mon mode par défaut, autant vous dire que ce n’est pas toujours facile! Et au début, si j’avais bien compris quand-même qu’il ne s’agissait pas de philosopher, j’étais bien encombrée par mon cerveau, un peu comme quand on ne sait pas quoi faire de ses mains. Jusqu’à ce que je comprenne le n°3.
3. Ce n’est pas ne pas penser.
Il ne s’agit pas de vider sa tête, de s’empêcher de penser, ce qui d’ailleurs est une impossibilité. Méditer en pleine conscience, c’est s’ancrer dans le présent en portant toute son attention sur sa respiration par exemple, ou ses sensations. C’est être pleinement conscient du moment où votre cerveau se met à bavarder au sujet de votre journée, de votre réunion de demain, de la vaisselle qui vous attend, du dernier livre que vous avez lu, de cette remarque qui vous a contrariée, de la vidange de la voiture, de la vie avant et après la mort… Ah oui, ça part vite et dans tous les sens, un cerveau! C’est reconnaître le moment où nos pensées nous entraînent ailleurs que dans le présent, sans les en empêcher mais aussi sans les laisser nous entraîner dans la rumination. C’est les observer et les laisser s’envoler comme on ferait avec les graines duveteuses d’un pissenlit, puis ramener son attention au présent, avec bienveillance et indulgence, avec compassion si nos pensées nous font du mal.
4. Ce n’est pas une technique de relaxation.
Même si la méditation pleine conscience apporte le calme et permet de gérer son stress, l’objectif est, au contraire de la relaxation, d’être dans un état de vigilance..

5. Ce n’est pas cultiver le détachement.
Il ne s’agit pas de se détacher de ses émotions. On ne cherche pas plus à ne rien ressentir qu’à ne rien penser. Au contraire, on porte son attention sur ses sensations et sur ses émotions, qu’elles soient plaisantes ou non. La pratique consiste à ne pas les juger, juste à les reconnaître, à les accueillir et à ne pas s’y accrocher.
6. Méditer, ce n’est pas rester assis sans rien faire.
C’est débrancher le pilotage automatique et ralentir oui, mais c’est vivre. De plus, la pratique de la pleine conscience ne se limite pas à une pratique formelle de méditation assise. Puisqu’il s’agit de porter toute son attention au moment présent, on peut pratiquer dans n’importe quelle activité du quotidien: marcher, boire son thé, se brosser les dents, faire la vaisselle, mais aussi se doucher, prendre un bain, se masser… C’est une bouffée d’air pur et de clarté dont on a bien besoin. Je trouve que c’est important de comprendre que ce n’est pas forcément quelque chose à ajouter dans nos journées déjà bien occupées.
7. Ça a beau être simple, ce n’est pas toujours facile.
On ne va pas se mentir, hein! Mais ce n’est pas grave du moment qu’on sait que ça fait partie de la pratique et qu’on laisse tout jugement derrière soi.
ET 1 EXERCICE
Tant que je vous tiens, je vous propose de vous exercer. Rien de formel, pas de méditation, essayez juste en vous réveillant le matin de poser l’intention de débrancher le pilote automatique de temps en temps dans la journée. Puis, chaque fois que vous y pensez, prenez le temps de regarder autour de vous: les gens, le ciel, les nuages, les fleurs s’il y en a, ce que vous voulez. Regardez ce qui vous entoure et qui est votre présent. Regardez et quand votre esprit essaie de vous embarquer dans tout ce qui n’est pas ce présent, remarquez-le et ramenez votre attention vers le point d’ancrage que vous avez choisi.
Il m’est arrivé de stopper mes collègues en plein milieu d’une conversation pour dire: « oh mon Dieu! Regardez cette lumière! » J’ai de la chance, elles sont indulgentes et ont foi en ma santé mentale; j’avais donc à peine droit à un regard en biais et elles regardaient. Pendant quelques secondes, chacune était plongée dans son présent, puis on reprenait le travail. Juste quelques secondes, mais que ça fait du bien!
Prenez soin de vous!
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Lectures
La Méditation de Pleine Conscience, Christophe André – Cerveau & Psycho n°41
Le Miracle de la Pleine Conscience, Thich Nhat Hahn
Le Pouvoir du Moment Présent, Ekhart Tolle
Au Coeur de la Tourmente, la Pleine Conscience, Jon Kabat-Zinn