Ma pile à lire occupe 90% de ma liste d’envie Amazon qui fait elle-même plusieurs pages et Marie Forleo est responsable de bien des ajouts. Je lui dois mon coup de foudre pour Brené Brown et je luis dois aussi d’avoir découvert l’existence d’Elizabeth Gilbert qu’elle a interviewée en 2015, au moment de la sortie de son livre Comme par Magie – Vivre sa créativité sans la craindre (Big magic – creative living beyond fear).
Je ne lis évidemment pas les livres dans l’ordre où je les ai ajoutés (où serait le fun, je vous l’demande?!) et il m’a fallu un peu de temps pour en arriver à Big Magic. Entretemps, je me suis intéressée à Elizabeth Gilbert, j’ai regardé ses Ted Talks, ses interviews, j’ai un peu suivi son actualité et ce livre est finalement arrivé dans ma liseuse auréolé de ce que j’aime chez ce personnage: son courage à accepter d’être vulnérable, son engagement à vivre sans faire de concession au jugement des autres tout en s’intéressant à l’autre.
Big Magic est de prime abord un self-help book à l’intention des créatifs, mais c’est aussi un guide pour vivre avec créativité, pour créer sa vie en dépassant ses peurs (je peux dire maintenant que le titre français n’est pas terrible?). Créer sa vie, c’est précisément l’oeuvre de toute une vie, n’est-ce-pas? Par où commencer? Il me semble que les pistes que donnent Elizabeth Gilbert sont justement un bon point de départ mais comme je ne suis pas là pour paraphraser le livre, je vous parlerai de ceux qui m’ont le plus parlé et je vous laisserai découvrir ce qui résonnera en vous.
Et je vous préviens, je suis une maniaque de la citation qui se contient habituellement, mais cette fois, ça va être un festival!

LE LIVRE
Titre: Comme par magie
Auteur: Elizabeth Gilbert
Editeur: Le Livre dePoche
Pages: 288 pages
1. Vous êtes responsableS de votre vie
Je n’insinue pas que vous êtes irresponsables, ne vous vous fâchez pas hein!
J’entends par là que nous ne sommes pas nécessairement coupables de ce qui nous arrive et il nous arrive parfois des choses terribles, mais nous ne sommes pas moins responsables de ce que nous en faisons. Ça n’a rien à voir avec votre sens des responsabilités et tout à voir avec le fait de vivre sa vie avec intention. Le regard que vous portez sur une situation ne dépend que de vous.
Elizabeth Gilbert ne l’aborde pas explicitement mais c’est infusé dans tout le livre et à mon sens, c’est la base, la condition essentielle sans laquelle vous ne décidez pas de créer votre vie. Dans la pire des situations, c’est aussi la base de votre résilience.
La première fois que j’ai lu quelque-chose à ce sujet, c’était sous la plume de Jacques Salomé et ça a changé ma façon de voir ma vie. Récemment dans mes lectures, c’est Mark Manson qui l’évoquait dans l’Art Subtil De S’en Foutre:
« “(…) Nous sommes, individuellement, responsables de tout dans nos vies, quelles que soient les circonstances extérieures. Nous ne contrôlons pas toujours ce qui nous arrive. Mais nous contrôlons toujours la façon dont nous interprétons ce qui nous arrive, ainsi que comment nous y répondons. Que nous le reconnaissions consciemment ou pas, nous sommes toujours responsables de nos expériences. C’est impossible de ne pas l’être.”
2. Vous êtes créatives par défaut
Si vous pensez que vous n’êtes pas créatives, vous avez tort. Vous développez des ruses de sioux pour faire manger des légumes à vos enfants? Vous êtes créatives. Vous faites des réparations à la Mac Gyver parce-que vous n’avez pas le budget pour payer un professionnel? Vous êtes créatives. Vous trouvez des solutions aux petits problèmes de la vie? Vous êtes créatives.
Même le dico le dit: “La créativité décrit — de façon générale — la capacité d’un individu ou d’un groupe à imaginer ou construire et mettre en œuvre un concept neuf, un objet nouveau ou à découvrir une solution originale à un problème.”
Elizabeth Gilbert a une vision de la créativité qui n’est pas nécessairement liée à l’art et une vision de l’art qui n’est pas élitiste. L’être humain est créatif par défaut et donc vous aussi. Vous pouvez être créatives sans être artistes, peu importe que vous soyez “douées”, peu importe même que vous réussissiez finalement, ce qui compte c’est le plaisir que vous avez à créer. Peu importe comment vous décidez de créer votre vie, ce qui compte c’est que vous ayez plaisir à la vivre.
Il y aura toujours des gens pour dire qu’on ne peint pas les arbres en bleu, qu’il faut faire comme ci, qu’il ne faut pas faire comme ça, que seuls certains élus sont touchés par la grâce, que vous avez pris la mauvaise décision, qu’on ne fait pas ça à votre âge et bla bla bla. On s’en fiche! Dans sa leçon d’ignorance, Daniel Pennac appelle ces gens-là les gardiens du temple et ils font plus de mal à l’art et à la vie que n’importe quelle création approximative ou ratée, que n’importe quelle décision que vous prendrez.
Enfin et surtout, surtout, le simple fait d’être en vie vous donne la légitimité d’affirmer qui vous êtes et de créer ce que vous voulez, comme vous voulez.
Moralités: 1. embrassez votre créativité quelle que soit la forme qu’elle prend, 2. vous avez les pré-requis pour créer votre vie, 3. vous n’avez besoin de la permission (ou l’approbation) de personne.
« J’ai droit à ma propre voix et j’ai droit à ma propre vision ». Elizabeth Gilbert

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3. Suivez votre curiosité
“Elle a arrêté de se sentir comme si elle n’était rien de plus que (…) la somme de ses obligations et de ses routines quotidiennes”. Elizabeth Gilbert
J’ai vécu une période où comparativement à d’autres, les choses allaient extérieurement plutôt bien et où pourtant je me sentais mal. C’est difficile de définir ce que c’est que se sentir mal. Ce n’était pas le chagrin profond de perdre un être cher, ce n’était pas la perte du plaisir à vivre, ni l’impuissance ou le désespoir qu’on peut ressentir quand on est enlisé dans des difficultés insolubles. C’était la sensation diffuse et confuse que quelque chose n’allait pas, un malaise, un mal-être, un funk.
J’ai commencé à mettre le doigt sur le problème le jour où en rentrant du travail, entre un feu rouge et un carrefour embouteillé, je me suis dit: “et voilà, encore une journée de ma vie passée, une journée que je ne récupèrerai pas et c’était une journée pour rien”. J’ai vraiment mis le doigt sur le problème quand je me suis rendue compte que chaque jour, à peu près au même endroit entre le même feu rouge et le même carrefour toujours embouteillé, je me disais la même chose. Mon mal-être, c’était un ennui profond, une espèce d’inconfort existentiel (oh les grands mots!) parce que c’était le pilote automatique qui vivait ma vie et pas moi.
Ne vous attendez pas à un rebondissement hollywoodien: je n’ai pas tout plaqué pour aller faire le tour du monde. Extérieurement je n’ai pas changé grand-chose, mais j’ai cherché le bouton off du pilote automatique, j’ai renoué avec ma curiosité (elle qui jusque là ne m’avait jamais laissée tomber) et de là, si on en croit Elizabeth Gilbert, j’ai recommencé à créer ma vie. C’est une esquisse sans fin, je fais des ratures et des gros pâtés, j’ai des moments de grâce et d’excitation, j’ai aussi des moments de doute et j’ai parfois (OK souvent) la trouille, mais je ne m’ennuie pas. Surtout, je ne me sens pas déplacée, c’est-à-dire j’ai le sentiment d’être à la bonne place, derrière le volant avec ma curiosité comme co-pilote. Elle nourrit mon appétit d’apprendre, elle me conduit vers des routes que je n’aurais jamais imaginées et elle me fait faire de belles rencontres. Tout n’a pas un intérêt professionnel et c’est tant mieux, mais tout apporte de la richesse dans ma vie.
Si vous comprenez l’anglais, regardez et écoutez le discours d’Elizabeth Gilbert, le vol du colibri. Elle y décrit le parcours de ceux qui, contrairement à elle, sont plus guidées par leur curiosité que par leur passion. C’est un chemin mené de butinage en butinage, de fleur en fleur, de curiosité en curiosité, moins glamour qu’une grande passion dévorante mais qui crèe des liens nouveaux et qui vous conduit à la passion de vivre.
“Laissez-vous être silencieusement attiré par la force étrange de ce que vous aimez vraiment. Elle ne vous perdra pas.” Jalal Al-Din Rûmi

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4. PRENEZ DES RISQUES
Attention quand-même, je m’explique. Il ne s’agit pas de vous endetter, de brûler tous les ponts derrière vous ou d’agir au détriment de votre sécurité. Il s’agit d’abord de prendre le risque d’avoir peur et une fois qu’on a peur (oui oui, ça viendra), de prendre le risque de faire quand-même.
Elle peut prendre des voix différentes, de “attention tu vas tomber!” à “non mais t’es pas assez bonne en fait” en passant par “et si tu ré-écrivais ce dernier paragraphe, là?” ou “mais pourquoi tu restes pas tranquille?”. Votre ego vous protège de la vulnérabilité par tous les moyens, c’est son job. Le votre, c’est de le rassurer en lui montrant que vous pouvez sortir de votre zone de confort sans qu’il ne vous arrive rien de grave. En sortant de votre zone de confort, justement.
Le regard des autres? Elizabeth Gilbert nous rappelle cette vérité un peu vexante mais rassurante: dans le fond, les autres ne s’intéressent pas à nous, ils sont absorbés par leur dialogue avec leur propre ego. Et même s’ils se tournent vers nous le temps de porter un jugement, leur intérêt est de courte durée.
Bien sûr, c’est plus difficile qu’un simple y’a qu’à – faut qu’on, mais accepter d’être vulnérable, c’est ouvrir la porte aux nouveaux cadeaux que la vie a à vous offrir, c’est apprendre aussi à vous traiter avec indulgence et bienveillance. N’allez pas croire que je suis un grand sage sur la montagne et que je sors de ma zone de confort les doigts dans le nez! Mon ego manie particulièrement bien l’art du perfectionnisme et c’est un champion du syndrome de l’imposteur, je vous assure.
Elizabeth Gilbert a une petite phrase pour rappeler que nous sommes tous des débutants et je ne sais pas si elle y fait référence implicitement, mais ça me rappelle ce fondement de la pleine conscience: l’esprit du débutant. Souvent nous voulons être celle qui “sait” plutôt que celle qui découvre. L’esprit du débutant, c’est cette tournure d’esprit proche de la curiosité qui nous permet de nous autoriser à ne pas savoir, à découvrir, à nous émerveiller et à questionner, sans attente particulière si ce n’est le plaisir de la découverte, comme les enfants. L’aventure pour le plaisir de l’aventure, je pense que c’est une clé, vous ne trouvez pas?
“Tant que je bouge dans cette direction – vers l’émerveillement – alors je sais que j’irai toujours bien dans mon âme, là où ça compte” . Elizabeth Gilbert
J’espère vraiment que ce livre vous inspirera. Si vous l’avez déjà lu et que vous aimez le travail d’Elizabeth Gilbert, sachez qu’elle vient de publier un roman, Au bonheur des filles. C’est une histoire sexy qui parle du désir féminin, qui montre qu’on n’a pas besoin d’être une « bonne fille » pour être une bonne personne et c’est dans ma PAL de l’été!

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A voir
Elizabeth Gilbert parle du génie, Ted Talk (sous-titrage en français)
Success, failure and the drive to keep creating, Ted Talk (sous-titrage en français)
The flight of the hummingbird, SuperSoul conversations
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